vendredi 15 décembre 2006

 En vrac musical

15 12 2006
Il y a des gens qui font de la musique un espèce d'exploit, un truc beau tout ça tout ça, premier En vrac musical, et en vidéos siouplait :

-Eric Mongrain, AirTap :


-Andy McKee, Drifting :


-Jake au Ukulele, c'est dingue ce qu'on peut faire avec un si petit truc (et bordek quelle main droite) :


Voilà, après ça , je peux toujours essayer de me mettre derrière mon PC et faire du Reason, je sors rien.
Pas de fil rouge, y a largement ce qu'il faut au dessus.

dimanche 19 novembre 2006

 Comment faire groover une huitre

19 11 2006
J'adore écouter de la musique, je pense être de ceux qu'on appelle des mélomanes, j'ai ma petite sensibilité etc...

J'ai aussi un peu de pratique derrière moi (12 ans de guitare, presque autant de basse, un petite maitrise de la batterie et je me mets au piano), j'ai fait quelques concerts, suis passé par l'épreuve du studio plusieurs fois, bref, j'ai une petite base technique.

Du coup il y a certains morceaux qui me font réagir, soit parce qu'ils sont trés bons selon mon humble opinion, à la fois vis à vis de ce qu'ils peuvent dégager émotionnellement et techniquement, soit parce qu'ils sont très mauvais, autant au niveau de l'émotivité précalculée et dite rentable que de la production. Tout ceci n'étant que mon humble avis n'est ce pas.

J'aime beaucoup les huitres pendant les fêtes, c'est bon, et ça bouge un petit peu sans grande conviction lorsqu'on verse le citron ou qu'on la pique avec sa fourchette, c'est mignon.

Hier ma miss a trouvé un excellent moyen de me faire fuir notre bureau conjugal, c'est radical et ça s'appelle "breaking free", c'est chanté par je ne sais quels huluberlus aux doux noms de Troy & Gabriella, ça sert de single à une sombre comédie musicale, sensée être "le film de votre génération".

Le morceau en lui même est un poncif du genre, tout y passe, refrain répété une bonne quinzaine de fois sous toutes les coutures, emprunt majeur mineur, petit piano et batterie pour unique accompagnement (ça c'est de la rentabilité appliquée à la musique), Troy & Gabriella chantent bien, bref, une bouse comme on en entend des milliers sans faire attention et dont l'usage sera je l'espère un jour remboursé par la sécu.

Maintenant, après avoir usité de moyens on ne peut plus faciles pour casser un peu de sucre sur leurs dos, intéressons nous à la composition en elle même. Imaginons Bobby (j'ai la flemme de chercher le vrai nom du coupable), un soir chez lui, sans doute un peu à sec niveau thunes, qui se voit proposer l'écriture d'un single pour une comédie musicale pour teenager pensant qu'on peut se clamer artiste après quelques semaines dans un chateau.
Il est là, seul dans son appart sur Central Park, son Steinway un peu poussiéreux devant lui, révant à de vieilles gloires passées, il ouvre le clapet protégeant les touches, et commence à chercher quelques notes fraiches. Il trouve 3 ou 4 accords d'une gamme dont la rentabilité a déjà été éprouvée, en un bon gros quart d'heure la musique est composée.
En bon professionnel, il cherche quelques idées de paroles, vu qu'on s'adresse à des teenagers, le thême de la liberté tombe sous le sens en à peu près quelques secondes, on a donc rapidement un titre fédérateur : "breaking free", un dictionnaire de rimes et quelques minutes plus tard, il peut se remettre devant son piano et faire coller la musique aux paroles, bien joué Bobby.

Bobby a quand même un problème, le piano ça a beau avoir un côté classe, c'est pas trés fashion, il faut qu'il trouve de quoi l'accompagner bordel.

Il réfléchit donc, des violons c'est trop compliqué, la prod voudra jamais, chercher quelques nappes un peu r'n'b ça pourrait être fun mais il perdrait un temps monstrueux, ce qui est sur c'est qu'il a besoin d'un beat, un truc qui leur donner envie d'onduler à ses jeunes flemmards.
Il ressort donc sa vieille boite à rythme, rentre le tempo et fait quelques essais, elle est vieille sa boite à rythme, les sons sont donc assez clean et le preset de batterie réelle est acceptable, ça collera relativement sur son Steinway, nickel.
Il enregistre donc sa bouse en environ 2 prises, une version longue et une version normale. Bien joué Bobby, y a plus qu'a trouver 2 jeunes prêts à se prendre pour des stars (sans doute la partie la plus longue du boulot) et c'est bon, we got it.

En réalité, tout ça ne m'outre pas plus que ça, il y a des centaines de Bobby, des millions de Troy & Gabriella et des milliards de gens qui ne seront pas choqués et qui chanteront la mélodie tellement qu'elle est bien faite.
Non vraiment ce qui m'énerve dans ce morceau c'est la batterie, on dirait le batteur de Deportivo en concert, c'est lourd, c'est dans le temps mais ça sonne pas, en plus vu que la production a tablé sur une bonne marge en terme d'enregistrement et de mix, c'est trés pourri au niveau du rendu, grosse caisse au taquet, charley en plastique et caisse claire en carton, une batterie made in Omo Micro en somme (je vous donnerai des plans, vous verrez).
D'où le titre de ce billet, on ne peut pas faire bouger une huitre, elle bougera ptet un peu, mais le principal c'est qu'elle soit bonne au gout, on ne peut pas faire groover une boite à rythme, elle groovera ptet un peu, mais le principal c'est qu'elle soit bonne à l'oreille.
Bobby n'a même pas réussi à la rendre bonne à l'oreille.
Vraiment, ça me révulse, c'est pas de sa faute à Bobby, ils sont pressés les producteurs maintenant, c'est même plus des passionnés, c'est des traders.

Fil rouge, avec un peu de DJ Shadow, l'homme qui chop chop et qui fait presque groover ses machines :